L’un des constats lancinants dans le système éducatif de la plupart des pays africains est le manque criard de divulgation des connaissances culturelles locales au profit de celles occidentales héritées de la colonisation.
Bonne nouvelle: la culture togolaise peut compter sur l’engagement et la détermination de la dernière promotion des élèves inspecteurs des enseignements préscolaire et primaire pour son lendemain meilleur. En fin de formation, ces élèves inspecteurs prennent le sujet à cœur.
En effet, à la faveur d’une séance d’évaluation tenue au Lycée scientifique de Lomé le jeudi 02 septembre 2022, soixante cinq (65) élèves inspecteurs des enseignements préscolaire et primaire s’engagent dans la promotion et la valorisation de la culture togolaise.
L’initiative vient à la suite de plusieurs semaines de formation sanctionnées par une évaluation. L’une des unités d’enseignement qui a fait office de cette formation est « Didactique de l’Education Artistique et Culturelle ». Un accent a été mis au cours de la formation, sur les productions en lien avec la culture togolaise…le vestimentaire et la langue essentiellement.
A l’occasion, ils ont été instruits sur les comportements en lien avec la culture togolaise et africaine ainsi que leurs mécanismes de transmission. Ces notions théoriques ont été traduites en acte sur fond de démonstration. Ainsi, ils étaient tous vêtus de tenues traditionnelles, boissons locales en mains et une communication en langue locale. Le but est de servir d’exemples pour une mise en œuvre effective des connaissances acquises en vue d’un impact réel de cette matière sur le comportement de la société togolaise à partir des élèves du préscolaire et du primaire..
« Nous voulons au cours de cette évaluation spéciale, essayer d’aller au niveau de nos racines, de nos sources, pour sortir ce qui à travers notre langue, notre accoutrement et notre alimentation, peut être lié à cette culture que nous voulons promouvoir. C’est essentiel dans la mesure où nous irons bientôt sur le terrain. Il faudrait qu’à la base, un travail se fasse pour que les enseignants sachent que les élèves dont ils ont la charge doivent également s’exprimer et exprimer leur culture à travers la langue, l’accoutrement et l’alimentation. Il s’avère opportun et essentiel qu’au niveau de nos écoles qu’on change un peu de mentalité pour qu’à l’avenir des talents puissent émerger pour le bonheur de la nation toute entière. Si nous-mêmes, nous avons voulu exprimer notre culture à travers notre art, c’est justement pour que cela fasse tâche d’huile. Une fois sur le terrain, nous allons accompagner les enseignants que nous irons encadrer et, par effet multiplicateur, cela va se répercuter également au niveau des élèves. Que dans nos écoles, les enfants sachent dans les prochains jours que c’est important d’avoir une culture qui s’exprime essentiellement à travers la langue, la religion, les tenues vestimentaires et l’alimentation», a expliqué M. MAWOUEGNA Agbéyitsi Etienne , Délégué de la promotion.
Il s’agira pour eux d’inculquer des notions et pratiques aux enseignants, une fois sur le terrain. Ces derniers serviront à leur tour, de relais auprès des élèves.
L’objectif est de susciter l’engouement et l’envie chez les enfants à la pratique culturelle et réveiller les consciences en vue d’un changement de mentalité sur le terrain.
« Didactique de l’Education Artistique et Culturelle » : Un véritable canal de restauration de la culture togolaise
Le constat part d’une dévalorisation voire d’une disparition de la culture africaine en général et celle du Togo en particulier. Face à ce constat, il s’avère nécessaire, selon le formateur DUAMEY-KODJO Kossi Nokplim, de mettre l’accent sur l’importance de la culture et de l’art dans l’éducation, leur définition, éveiller la conscience et comment les transmettre à la jeune génération. L’importance de la culture et de l’art dans l’éducation d’aujourd’hui n’est plus à démontrer. Il est essentiel aussi de transmettre à la jeune génération cette connaissance afin qu’elle puisse prendre également la relève.
«Notre culture constitue notre histoire et notre âme. C’est notre identité et quand on la rejette, on n’a plus d’histoire , on n’a plus de racine, on n’a plus d’âme », a insisté celui qui a choisi d’évaluer ces élèves inspecteurs à base des pratiques culturelles.
Les critères d’évaluation des élèves inspecteurs ont porté sur l’accoutrement, la langue et l’innovation ou la créativité.
M. DUAMEY-KODJO Kossi Nokplim a aussi exprimé son indignation vis-à-vis de la façon dont la jeune génération néglige la culture ancestrale. Il a saisi l’occasion pour exhorter les parents à inculquer les valeurs culturelles à leurs enfants. A la jeunesse, M. Kossi Nokplim demande de valoriser la culture locale et l’art, une bonne occasion de les promouvoir et de les valoriser.
Pour lui, il ne s’agit pas de balayer de revers de la main la culture occidentale .C’est une question d’adaptation, de mariage des cultures. « Enracinons-nous d’abord dans notre culture avant de s’ouvrir à d’autres cultures », a-t-il invité.
La mission principale de ces inspecteurs en rapport à cette thématique sera de sensibiliser les enseignants à prendre conscience de cette réalité, mettre en valeur les pratiques culturelles pour qu’elles puissent être transmises aux élèves.
Vivement que cette initiative trouve un écho favorable auprès du ministre des enseignements primaire, secondaire, technique et de l’artisanat, le Prof. Dodzi Komla KOKOROKO pour qu’un nouvel élan soit donné à la culture togolaise à travers les salles de classes…
Jacques Bauer
