« Les figures féminines dans les religions », une thèse doctorale défendue par Mary Lembo, une sœur religieuse catholique togolaise à l’université grégorienne en septembre 2020.
La pertinence du sujet, la dénonciation d’un phénomène qui passe souvent inaperçu et qui échappe à la sanction et surtout l’audace de briser ce principe intouchable qu’est le silence sur fond de peur lui ont valu le «summa cum laude», l’appréciation la plus élevée du jury.
En effet, la religieuse catholique de 49 ans soulignait dans ses travaux et dénonçait surtout un phénomène jusque-là protégé par «la loi du silence» dans un couvent où tout sacré :les abus dont des religieuses sont victimes de la part des prêtres. « Un choix venu de situations rencontrées comme éducatrice et formatrice », a confié la sœur , qui se connaît mieux dans un domaine où elle a travaillé sur les cas dans une douzaine de pays d’Afrique.
Selon la sœur, les victimes ont souvent craint les demandes des prêtres érigées en dogmes et devant lesquels elles sont importantes.
« Les victimes ressentent l’autorité du prêtre comme venant de l’Église elle-même et subissent cette relation à laquelle elles n’osent pas s’opposer », résume-t-elle d’une voix posée, pointant « la relation asymétrique » entre prêtres et consacrées.
Si ce cette pratique devient monnaie courante surtout en Afrique, cela s’explique aussi par la loi du silence à laquelle les religieuses sont victimes.
« Que ce soit chez les jeunes filles qui s’approchent du prêtre pour demander conseil sur leur vie spirituelle ou chez les religieuses, il y a aussi une grande naïveté, cause de vulnérabilité», souligne la sœur doctorante qui selon qui la honte des victimes dans une Afrique subsaharienne où il n’est pas bien vu de parler de sexualité.
Dans une démarche pédagogique, la sœur formatrice inculque aux femmes la faculté de dénoncer ce mal
Fort de ses longues années d’expérience de formatrice, Mary n’a jamais eu peur de « nommer les choses » quand il le fallait s’attache donc, dans les formations qu’elle prodigue, à mettre les femmes en capacité de refuser des situations inacceptables : « Il s’agit de trouver la force de dire non ou, après un viol, de crier pour que justice soit faite. » Elle a aussi le courage d’aller vers les prêtres eux-mêmes pour combattre le phénomène dans une approche de conscientisation.
Récemment, elle a rencontré une centaine de séminaristes d’Afrique de l’Ouest. Sans échapper aux réactions sur les abus brandis « pour faire du mal à l’Église », elle les a sentis attentifs. « Leurs questions dénotaient qu’ils ont compris l’enjeu de la situation des abus », se félicite celle qui voit les mentalités évoluer dans une Église où le sommet de février, au Vatican, a marqué un tournant.
Peu à peu, la parole des femmes s’affirme pour une meilleure collaboration avec les hommes. « Il ne s’agit pas pour elles de prendre le pouvoir, affirme-t-elle, il est néanmoins nécessaire qu’elles aient une parole d’autorité qui leur permettre d’être écoutées. »
Les abus sexuels, la pédophilie sont des maux qui rongent l’intégrité morale de l’église catholique malgré les peu cris d’alarme de certains dirigeants de l’église qui regorge le plus grand nombre de membres dans le monde.
Qu’en est-il pour la naïveté, l’ignorance de certaines femmes et jeunes filles ou leur fierté de partager d’intimité avec des prêtres et pasteurs ?
Nous y reviendrons.
La Rédaction
